[Du côté de nos amis] Sur la piste des Cistes

by Fabien
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Connaissez-vous les cistes ? Si ce n’est pas le cas, il est pourtant très possible que vous en ayez déjà pourtant trouvé par hasard. Ce sont de petites boites pleines d’objets et munies d’un carnet pour signaler son passage. Parfois on y trouve même des objets voyageurs. Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Eh oui, les cistes ce sont les sœurs des géocaches. D’ailleurs, on les trouve souvent aux mêmes endroits et on peut parfois les confondre. Pourtant il existe quelques différences notables qui séparent notre activité de celle de nos amis « cisteurs ». Venez en apprendre plus !

Piste

Le « Cisteur » est à la ciste ce que le géocacheur est à la géocache ou la sardine à l’huile (oui c’est nul, mais on m’a forcé :p). Et que cherche-t-il ? Et bien plus ou moins la même chose que nous. Le principe d’une ciste est en effet relativement similaire à une géocache : un cacheur va dissimuler une boite qu’il remplit de petits objets et d’un carnet, dans le but de faire découvrir un lieu. Une fois fait, il publie sa ciste sur le site cistes.net, comme le ferait un géocacheur, et l’aventure peut commencer. Mais alors, finalement est-ce la même chose ou existe-t-il des différences ?

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Les cistes : parents ou enfants du géocaching ? 

Les cistes sont les petites sœurs des géocaches. Elles naissent dans l’été 2002 sous l’impulsion de Max Valentin alors que le géocaching existe déjà. D’ailleurs, il s’agit d’une inspiration assumée visant à pallier à un problème de poids de l’époque : la quasi-absence de GPS. Pour remplacer les coordonnées GPS, le créateur des cistes décide d’utiliser des énigmes. Le jeu est donc, à ses début, beaucoup plus accessible et cela se voit sur les chiffres de pose des premiers temps. Par exemple en 2006, il y a près de 6000 cistes en France pour un peu moins de 2000 caches. Évidemment, en 2018 les smartphones et les GPS bon marché ont inversé la donne et nous trouvons, au moment où j’écris, 246084 géocaches actives pour 141579 cistes (mais pas forcement actives !).

 

Les différences entre les géocaches et les cistes :

L’absence de coordonnées GPS : Le cisteur n’a pas de coordonnées GPS pour faire sa découverte. À la place, il dispose d’une énigme ou d’une description. Parfois, la marche à suivre est clairement indiquée dans l’énigme, comme par exemple :

Rendez-vous à la scierie du Machet.
C’est une scierie hydraulique. Cherchez sa source d’énergie en hauteur.
Après une bonne grimpette, reposez-vous sur le banc, près de là où est captée l’eau.
Longez le canal jusqu’à l’escalier qui redescend. Empruntez l’escalier. 10 pas puis la ciste est tout près de vous, sous une grosse pierre qui borde le chemin. 

Mais souvent il faut résoudre une énigme pour trouver le bon spot. Ici contrairement aux géocaches on ne peut jouer avec les coordonnées GPS, vu qu’il n’y en a pas. Voici par exemple l’énigme d’une ciste que j’avais posée en 2008 en Meuse.

A [Censure], le 13 janvier 1916 

Ma douce, 

Me voici enfin sur les lieux de ma nouvelle affectation. Et par chance, je suis dans les lignes arrière. Imagine mon étonnement quand après avoir traversé le petit village de Lo[Censure], je suis arrivé dans un véritable petit village en pleine forêt, camouflé sous les frondaisons. 

Mon expérience dans la construction m’a permis de travailler à la Beton-Fabrik, centre névralgique de notre petit campement. Le travail y est dur, mais passionnant. Nous, nous sommes spécialisés dans la recherche sur les bétons et la conception de blockhaus, et faisons de mieux en mieux. Hier encore je suis allé chercher Herr Dr. Müller à Gr[Censure] pour qu’il puisse nous faire profiter de ses conseils. 

Je pense beaucoup à toi. Je suis allé à Bi[Censure] échanger de petits objets à ton intention. Je les ai mis dans une boite que j’ai cachée au pied d’un chêne. Quelle n’est pas mon excitation quand, un nouvel objet en main, je dépasse le bâtiment décoré pour aller derrière le blockhaus de gauche, pour l’y ajouter. 

Je pars dans l’heure en mission à Gi[Censure], où on nous à signalé la possible présence d’un régiment français. D’autres ne sont pas revenus. J’ai peur. Saleté de guerre. 

Ton Franz qui t’aime.

Ici, l’idée est, soit de trouver où était la « fabrique à béton » de l’armée allemande, soit de trouver, à l’aide d’une carte, l’endroit entouré des différents villages aux noms censurés. Pour info, il s’agit du camp Marguerre, qui était un camp militaire spécialisé dans la recherche sur les constructions en béton. Bien sûr, vous trouverez également une géocache dans cet étonnant lieu. Voilà trêve de digression, retournons à nos cistes.

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Une bien vieille photo du camp Marguerre

L’absence de carte : En tant que géocacheur aguerri, vous préparez certainement votre journée de géocaching en vous servant de la carte afin de repérer les boucles ou les caches proches. Mais voici à quoi ressemble la carte d’un cisteur.

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Mais vous ne pourrez pas avoir de géolocalisation plus précise sur la carte. Choisissez alors un département et vous voici avec la liste des cistes et entre parenthèse une localisation plus ou moins précise. Par exemple pour Paris cela va de « Paris » (ce qui est large) à un arrondissement, selon le choix du poseur. Cela veut dire que le cisteur va devoir beaucoup plus préparer ses sorties en amont et devra résoudre beaucoup d’énigmes pour pouvoir faire une sortie complète à un seul endroit… et sans possibilité comme nous de « nettoyer » une zone.

ListeParis

L’absence de log informatique et l’importance de l’échange des objets :  Une fois que le cisteur à trouvé une boite, il va loguer son passage sur le carnet. Ce log papier est important, car ce sera le seul retour qu’aura le poseur sur son travail. En effet, sur le site « sur la piste des cistes » ne permet pas de laisser un message en ligne à l’owner de la boite. Donc le log papier devra être plus soigné qu’en géocaching et si le propriétaire de la boite veut le lire, il devra passer voir sa boite.

Alors comment est géré le décompte des trouvailles ? Il se fait via les petits objets présents dans les cistes. Contrairement au géocaching, ceux-ci sont cruciaux, car ils permettent de tracer les visites. Au départ, le cacheur indique précisément le contenu de sa cache.

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Exemple d’objets présents dans une ciste

Chaque cisteur qui trouve la boite va échanger un objet. Cet échange est obligatoire et doit être formalisé sur le site pour valider la découverte de la ciste. On note l’objet pris et l’objet mis à la place et cet échange apparaîtra sur la page du site.

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Les échanges faient sur une ciste et qui correspondent à nos pages de logs

La cotation de la difficulté : Comme en géocaching, on a une estimation de la difficulté de terrain et de la recherche/énigme. Ici, c’est le poseur qui indique la cotation de terrain, mais ce sont les trouveurs qui attribuent le niveau de difficulté quant à la découverte de la ciste. Celle-ci apparaît sous forme d’un histogramme.  À noter que pour la difficulté sur le terrain, il n’existe pas d’équivalent de nos cotations élevées, car il est interdit de poser des cistes dans un environnement potentiellement dangereux.

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La gratuité, la liberté et ses conséquences : La piste des cistes est complètement gratuite sans aucune fonction premium. De plus, son créateur, après avoir créé le jeu, en a fait don à la communauté des joueurs. Cela parait merveilleux sauf que… cela veut dire que les cistes n’ont pas de financements outre les dons et pas d’impulsions pour un quelconque changement d’aucune sorte. Il en résulte que le site est toujours exactement tel que je l’ai connu il y a 10 ans. Aucune modification n’est apparue, si ce n’est quelques liens morts qui fleurissent çà et là. Mon but ici n’est pas de lancer un débat sur le bienfait des abonnements premium, ni des choix faits par Groundspeak plus ou moins à l’écoute des géocacheurs, mais il est évident qu’un financement facilite beaucoup les possibilités d’évolutions.

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La page du site avec par exemple un lien vers les Publicistes dont la plus récente date de 2007

 

Les objets voyageurs : Tout comme en géocaching, il existe des objets voyageurs que sont les bourdons. Il s’agit de petites boites types « boite de pellicule photo » ou « œuf Kinder » qui contiennent un logbook. Le cisteur qui le trouvera pourra mettre un petit message et déplacera le bourdon dans une autre ciste. Tout comme nos objets voyageurs, ces bourdons peuvent avoir des missions spécifiques ou simplement voler de cistes en cistes. Finalement la principale différence avec les nôtres et que le code de tracking s’obtient gratuitement, mais que le propriétaire du bourdon ne pourra pas lire les messages avant de l’avoir récupéré.

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Un bourdon dont j’ai piqué l’image je ne sais plus où :s

 

La répartition : Les cistes sont relativement franco-françaises. Bien sûr le concept à un peu essaimé dans les pays frontaliers et partiellement francophones comme la Suisse ou la Belgique, mais 90% des cistes mondiales se trouvent en France. Toutefois, outre l’Europe, vous en trouverez quelques-unes au Canada ou aux États unis par exemple.

Sur le terrain vous pourriez être surpris de trouver en plus de votre géocache, non pas une, mais deux cistes. Cela s’explique pour plusieurs raisons : tout d’abord chacun pose ses cistes où il le veut sans étape de modération. En effet, il n’y a pas d’équipe de reviewers pour contrôler que la ciste est conforme aux règles. D’ailleurs ces règles n’indiquent aucune distance minimale entre deux boites, mais simplement de ne pas creuser, ne pas placer sur un terrain privé ou dangereux. La deuxième raison est que le cacheur ne sait pas forcement qu’il y a une déjà une ciste là où il pose la sienne, car pour se faire il devrait résoudre l’intégralité des énigmes des zones géographiques indiquées par les autres cistes.

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Une répartition très axée sur la France

La vitalité des cistes et le problème de l’archivage : De nouvelles cistes sont régulièrement posées, quoique l’on observe une très grosse disparité selon les régions. Dans beaucoup de départements, les cistes les plus récentes ont plusieurs mois. À cela, il faut ajouter les disparitions qui ont lieu, tout comme en géocaching. Toutefois pour les cistes, la suppression officielle d’une boite disparue est bien plus longue, surtout si le cacheur n’est plus actif. En effet, sur la piste des cistes, on ne signale pas un « DNF », donc il n’y a pas d’information qui remonte au cacheur par ce biais. De même, les seuls à pouvoir indiquer qu’une cache à disparue, ou l’est peut être, sont les poseurs et les anciens trouveurs. Cela veut dire qu’une ciste peut être considérée en place (très !) longtemps après qu’elle n’y soit plus. Il n’est donc pas rare de voir des caches non trouvées depuis des années sans que celle-ci puisse être « archivée ». Et si le cacheur et les quelques anciens trouveurs ne sont plus actifs, la ciste devient une sorte de ciste fantôme qui n’existe plus mais qui sera toujours en ligne pour toujours.

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Un exemple de Ciste certainement disparue mais que personne ne peut archiver.

Quid de l’aspect social ? 

  • Sur la piste de cistes n’a pas de système intégré au site pour la communication entre joueurs, ce qui explique l’apparition du forum Newforez pour pallier à cela. L’avantage est qu’il n’y a qu’un forum pour tous les cisteurs, l’inconvénient est que malgré cela il peut être très compliqué de joindre un autre joueur, car il faut que celui-ci soit inscrit sur le forum, ce qui est loin d’être la norme.

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  • Comme en géocaching, il existe des rencontres entre cisteurs. Là encore cela passe par le forum, puisqu’il n’existe pas de ciste « évent » comme nous pouvons les connaitre. Ne vous attendez toutefois pas à trouver d’énormes rassemblements de types « Mega évent ».

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  • Outre le forum, la publication mensuelle « Ciste-Thématique » fait office de lien entre les cisteurs à l’instar de nos newsletters. Elle fait un retour sur les rencontres, les cistes, les joueurs et de manière plus générale sur l’univers des cistes.
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Impressionnant : 137ème numéro !

Conclusion : Les cistes sont donc une chasse au trésor très proche de la notre, avec finalement uniquement quelques différences techniques et pratiques. Il n’est bien sûr pas question de mettre les deux activités en compétition, car finalement l’esprit y est un peu différent, mais la finalité identique. Certains seront certainement plus à l’aise avec un jeu plus low-tech et avec une plus petite communauté, alors que d’autres préféreront toutes les possibilités offertes par le géocaching. D’ailleurs quelques joueurs pratiquent les deux activités en même temps et il existe même des caches mixtes qui sont à la fois des géocaches et des cistes.

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2 comments

Christophe Decluseau mai 4, 2018 - 3:57

C’est pas trop vieux, je peux laisser un commentaire ;o)

Juste pour dire que niveau carto, c’est vrai que geocachinguement parlant c’est frustrant le manque de précision, mais c’est le jeu.
Par contre, il y a un niveau disponible qui est plus fin que le département.

Des cisteurs ont mis en place la CartoCiste.
Grosso modo, chaque département est découpé en un certain nombre de zones (variable selon les départements). Ces zones ont été soumises à débat à la communauté.
Dans la description des cistes, on a la possibilité de déterminer une localisation. Elle est plus ou moins précise selon la difficulté de la ciste souhaitée par le poseur.
Grâce à cette localisation, les cistes peuvent du coup être placées dans la zone appropriée.
Si la localisation ne le permet pas, elle est attribué à une zone bâtarde « Non localisée ».
Enfin, si la localisation ne le permet pas mais que le poseur donne l’info, elle sera attribuée à sa bonne zone.

C’est quand même une énorme avancée pour réduire la liste des cistes disponibles à proximité. Maintenant, ce n’est pas miraculeux. Ça laisse souvent une grosse liste, mais c’est déjà ça.

Mais donc, ce n’est pas officiel.

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detourgeocaching mai 4, 2018 - 7:13

Merci pour ces précisions ! J’avais repéré la CartoCiste, mais je ne l’ai jamais utilisé à l’époque où j’étais cisteur. C’est effectivement une avancée très intéressante qui peut permettre de plus facilement cibler une zone où l’on veut se balader.

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